Bonjour à tous,
Comme vous vous en doutez cet article ne va pas parler bouquin.
Une nouvelle tragédie frappe l'association et j'ai eu envie de partager avec vous mon quotidien à l'association.
J'ai créé l'association il y a maintenant 9 ans, au départ je ne pensais pas prendre en charge des animaux puis à la vue du nombre de SOS je me suis lancée en 2010. Au départ l'action de l'association était d'organiser des collectes au profit des refuges de France, en 2009 j'ai accouché alors l'association a été mise en stand by un an.
En 2010, les premières prises en charge ont commencé, les premiers soins, les premières socialisations, tout un univers qui se découvrait sous mes yeux au fil des jours. J'ai fait par correspondance une formation d'auxiliaire vétérinaire à l'IFSA ce qui m'avait permis d'apprendre beaucoup de choses sur les maladies, la contention, les vaccins, les premiers soins ... Mais je me suis vite rendue compte qu'il y avait une grande différence entre la théorie et la pratique.
En 2013, j'ai passé mon CCAD qui m'a permis de découvrir d'autres choses comme les techniques de désinfection, l'importance de déparasiter régulièrement les animaux mais aussi la législation, l'alimentation.
Au sein de l'association, je suis la famille d'accueil quarantaine car j'ai une pièce dédiée à cela. En général tout chat qui arrive à l'association (sauf cas particulier comme chaton à biberonner) passe chez moi.
Comment se passe une quarantaine :
Les chats sont isolés en cage durant 2 semaines car la plupart des incubations sont de 8 à 10 jours maximum coryza, calicivirus ou encore le typhus. Durant cette période si les chatons sont âgés de 6 semaines ils sont déparasités afin de renforcer leurs systèmes immunitaires. Cette année nous avions également décidé de vacciner les chatons à leurs arrivées à conditions qu'ils aient 8 semaines cela va de soi afin de se protéger d'une épidémie de typhus (car on sait à quel point cela provoque une hécatombe).
Donc la plupart des chatons ont fait leur quarantaine avec la primo vaccination sachant que d'après le laboratoire l'immunité a été démontrée 7 jours après l'injection.
Mon rôle de famille d'accueil :
Nous travaillons en étroite collaboration avec nos vétérinaires qui sont toujours à l'écoute, qui sont toujours là pour nous conseiller, on échange sur les soins, les protocoles à mettre en place, la gestion de la désinfection, sur les examens que l'on peut faire quand on a un doute sur un de nos pensionnaires. Un vrai travail d'équipe de professionnel à professionnel. Cela nous permet d'en apprendre chaque jour aussi bien sur les maladies que sur les molécules des traitements que nous donnons. Une chose est sure nos vétérinaires ne s'ennuient pas avec nous.
Je gère donc une population en masse, les fratries en fin de quarantaine et une fois primo vaccinées sont mise en collectivité dans cette pièce. Au fur et à mesure, ils sont intégrés dans de nouvelles familles d'accueil en fonction de leurs caractères ou intégrés à mes adultes (vaccinés et négatifs FIV et FELV) afin de parfaire leurs éducations.
Mon quotidien c'est plein de moments forts comme les premiers calins ou ronrons d'un chat/chaton craintif à son arrivée, c'est réussir à remettre sur pattes un chat/chaton arrivé dans un état catastrophique, les voir prendre un poids et manger avec appétit, les séances de jeu et de calins, tenter de faire des photos ce qui est souvent impossible sauf quand ils dorment. Leur départ pour une nouvelle vie est le moment que l'on adore car on a réussi à lui donner la seconde chance qu'il méritait.
Ce sont aussi des moments de doute quand on voit un de nos petits protégés qui fait un coup de mou, c'est discuter avec d'autres FA pour savoir quoi faire mais aussi avec nos vétérinaires. Ce sont des moments d'angoisses, parfois des nuits très courtes car on a la peur au ventre.
Mon quotidien c'est aussi des coups durs comme les décès ou prendre la décision de laisser partir un de nos petits protégés pour le paradis car il n'y a pas d'autre échappatoire (en général c'est moi qui les vit plus rarement les autres FA à l'exception des FA spécialisées soins comme Noémie ou Julia).
2016 avait déjà été une année noire qui avait commencé par les départs de Ronflex (FIV + déclaré et Diabète) ainsi que Mérida (suite à une hémorragie). Ensuite, le typhus nous avait trouvé puis la PIF puis l'hyper-parasitisme sans oublier la pancréatite ou la pleurésie. Certaines pathologies que nous ne connaissions pas et qui ont emporté nos petits compagnons.
2017 a commencé par la perte de Winnie et Darling, la PIF avait encore frappé pour l'un humide pour la seconde sèche. Ensuite, nous avons perdu des chatons à cause du ténia et de forts troubles digestifs, malgré les soins, ils étaient trop faibles, puis le typhus a frappé malgré la primo vaccination et ensuite la PIF est venue également. Après seulement deux semaines de calme, une épidémie nous frappe à nouveau et touche nos chats alors qu'ils sont vaccinés primo pour certains et primo + rappel pour d'autres.
Mon quotidien est de comprendre ce qu'il se passe pour agir au mieux et au plus vite, d'assurer les soins, de tout faire pour se battre avec eux et parfois c'est les regarder partir sans rien pouvoir faire. Et dans ces moments là on se sent impuissant, nul, on se demande ce que l'on a raté, à quel moment on a merdé. En gros dans ces moments là comme ce soir (21/07/2017 : Mornilles a rejoint les étoiles), j'ai l'impression d'être nulle et de ne pas avoir fait mon "travail de soins" correctement, d'être passée à coté de quelque chose. Tous ces événements, me poussent à me remettre en question, à revoir les protocoles de quarantaines, de soins etc mais jamais je ne pourrais avoir d'explications sur ce qu'il s'est passé. Beaucoup me diront que l'animal n'est pas mort seul, dans la rue, de froid ou trempé, qu'il a eu de la tendresse, de la nourriture à volonté, de l'amour, qu'il ne sera pas mort dans l'indifférence et surtout qu'il faut voir tous qui ont été sauvés. Mais sachez que dans ces moments là tout cela est secondaire, on y pense pas.
Ensuite il faut sécher ses larmes et reprendre notre quotidien car d'autres ont besoin de nous. Aujourd'hui, j'arrive à un point de saturation, j'ai besoin d'une pause, besoin de revoir l'organisation pour limiter l'effet collectivité et donc par la même occasion les maladies. Alors oui on fera moins de prises en charge mais on vivra moins de tristesse car peut être qu'ils seront moins nombreux à rejoindre les étoiles.
Et puis il y a les petites bouilles qui attendent une famille qui donnent la force de continuer
Voilà à quoi ressemble mon quotidien, les montagnes russes des émotions !
Désolée pour le long pavé mais j'en avais besoin. Etre famille d'accueil, c'est génial pour bien des points mais c'est aussi de lourdes épreuves parfois ou notre petit coeur est mis à rude épreuve.
Je sais que je ne pourrais jamais arrêté de faire cela, c'est une partie de moi, je le fais par passion et par conviction et non pour avoir des félicitations ou de la reconnaissance. Si on m'enlève cette chose qui m'apporte tant j'aurais juste l'impression d'avoir tué une partie de mon être.
Virginie